Homme-sandwich (l') [兒子的大玩偶] [Er zi de da wan ou, The sandwich man - 1983], Hsiao-hsien Hou, Jen Wan, Chuang-hsiang Tseng
Pour mémoire :
3 courts (d'environ 35mn chacun). 1er : un homme a trouvé un travail pour se décider à avoir un enfant. Il se déguise en clown-sandwich pour un théâtre. Il lutte contre la misère, et pour sa propre image (ou contre, celle de clown, la seule que son bébé connaisse de lui.) Personnage féminin caractéristique des films de Hou : patient et endurant dans le silence et la bienveillance.
2e : Un commercial et son aide vont dans la campagne taïwanaise essayer de vendre des cocottes-minute. La femme de ce commercial est enceinte. Il espère faire beaucoup d'argent avant l'arrivée du bébé, mais il ne vend aucune cocotte. Son aide rencontre une petite fille curieuse, à qui il offre un coquillage sculpté par lui. (Très joli contrepoint narratif au récit principal.)
3e : Un père de famille pauvre est renversé par une voiture diplomatique de l'armée américaine. Le colonel se charge de retrouver la famille de l'homme et de l'emmener à l'hôpital auprès du blessé.
Sentiment général :
S'il y a lutte contre la pauvreté, c'est que l'espoir est là de la vaincre. Et l'Homme-sandwich est fait de cette énergie de l'espoir, consciente ou plutôt inconsciente. Celle qu'on retrouve dans chaque pays dont l'horizon, pour une raison ou une autre s'ouvre pour une majorité, où la vie devient plutôt acceptable et acceptée par tous, sûre d'elle, élargit ses cercles de tolérance (à peu près l'inverse de la situation actuelle en France). La seconde séquence est celle que je préfère (une fois n'est pas coutume, à la première de Hou), elle a un ambitus plus large d'émotions, de rapports humains et un petit récit en contrechant du premier qui ajoute beaucoup de charme.
Voir imdB le goof concernant le court de Hou Hsiao-hsien : Sa séquence avec les enfants est parfaite, comme dans ses films suivants (Green green grass of home, Un été chez grand-père, etc..). Elle rappelle (et sans doute très consciemment) "Les Lumières de la Ville" lorsque les enfants se moquent et taquinent le clochard et n'oublie pas de la faire sienne d'abord.
Les deux petits dans le troisième ne sont pas mal non plus. Ils en sont aussi la meilleure part, la part insolente, celle qui se moque, la moquerie envers l'uniforme mais aussi envers sa propre misère et la richesse ou non des autres, leur papier toilette blanc.
Les trois courts sont tous plus ou moins imbibés d'une réalité assez contemporaine, ce n'est pas la moindre de leur valeur. Même si le court de Hou est un récit supposé se dérouler en 1962, il y a comme une pertinence contemporaine. Même s'il n'a pas encore affiné ce feuilletage temporel des films suivants, il y a déjà cette force de prendre le temps et l'histoire par plusieurs bouts... plutôt vivant que véritable, et plus véritable que vrai.